chez mon ami Delombre, président de la commission du budget, à qui est confié le soin de chercher l’équilibre dans nos finances ! Lui dirai-je jamais qu’il a offert l’hospitalité à un contrebandier ? Vous m’avez fait faire un joli métier, monsieur le curé !
Les douaniers sont en vue, tout le monde prend un air détaché pour montrer son paquet de cigares entamé. Les braves gens savent à quoi s’en tenir sans doute, mais lorsqu’ils ont arrêté la voiture et jeté un regard distrait sur tant de londrès de pacotille, ils nous laissent partir. Avec quelle joie restitué-je le paquet à son propriétaire !
À Flumet, nous descendons, Sabattier et moi. Un ami nous a fait préparer des mulets pour l’ascension du col des Saisies. Le ciel est menaçant, mais autant se mouiller sur ces braves bêtes que rester juchés sur l’impériale ; nous laissons donc filer la diligence, arrimons nos sacs à l’arrière des selles et nous voilà partis avec le propriétaire des deux mulets, notre guide jusqu’au col.
Nous franchissons l’Arly sur l’admirable pont de Flumet, d’où l’on découvre le pittoresque bourg accroché au flanc de l’abîme. Le chemin, très montueux, se tord en lacets entre de beaux bois ; nous le coupons par un raccourci pierreux
