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et monte par les pentes inférieures du mont d’Arbois au milieu d’une belle forêt de sapins remplie d’airelles pour atteindre la grande voie de Sallanches à Albertville que je suivis l’an dernier[1]. Voici de nouveau le chemin de croix et les chapelles de Mégève, le joli bourg où le déjeuner classique a lieu. Puis on repart et l’on descend l’Arly.

Aux abords de la Praz, nous sommes prévenus d’une visite de la douane ; on va quitter la zone. Les figures s’allongent aussitôt. Il y a plusieurs prêtres et des dames dans la voiture ; tous, en passant à Genève, ont acheté des cigares ou du tabac, ils ignoraient l’existence de la douane intérieure. Une sorte de conseil est tenu : les vieux routiers du tourisme conseillent d’ouvrir les boîtes ; d’y puiser un cigare ou une cigarette et de confier les paquets trop nombreux aux voyageurs qui n’ont pas de choses compromettantes. Voilà comment un curé du midi m’oblige à mettre dans ma poche un paquet de cigares suisses orné d’une chromolithographie représentant Jeanne d’Arc, images faites, a dit la marchande, pour « ces messieurs prêtres », les autres sujets étant trop légers. De quel front vais-je me présenter à Barcelonnette

  1. 8e série du Voyage en France, chapitres XIII et XIV.