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plication est simple mais le fait n’en resterait pas mais surprenant si l’on ne savait les habitudes migratrices de tout ce peuple de cochers, laquais, maîtres d’hôtels, cuisiniers, coiffeurs, marchands de bibelots qui remplissent les Alpes en cette saison, et descendront en septembre au bord de la mer bleue.

Le postillon Marius est plus intéressant, à cause de ses antécédents maritimes. Heureux de se savoir écouté il nous raconte ses voyages. En voilà jusqu’au Fayet ; par la route suivie la veille, nous descendons rapidement sous la pluie glaciale, qui cesse pourtant au bas de la côte de Saint-Gervais. Alors transis, grelottants, en cet août humide, la moitié des voyageurs répartis sur les deux étages du break d’excursion mettent pied à-terre. La route est charmante, on traverse Saint-Gervais si gai avec ses villas, ses hôtels, son beau parc et les constructions neuves de son établissement de bains. Aucune trace ne reste ici de l’épouvantable catastrophe du 11 juillet 1893 quand le torrent du Bon-Nant, démesurément gonflé par l’effondrement d’un lac intérieur du glacier de Bionnasset, détruisit tout sur son passage et emporta les baigneurs surpris dans leur sommeil.

La route franchit le torrent — il gronde fort, aujourd’hui, à la suite de ces pluies incessantes —