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LE LIEUTENANT MARQUISET.

guerre ; sa gaieté inaltérable (elle semblait se réserver pour les jours où chacun la sent disparaître) encourageait et fortifiait dans les moments critiques, il aimait à prodiguer les saillies de son esprit si vif et si bienveillant ; il a partagé toutes nos épreuves, il a subi toutes nos misères, couru les mêmes dangers, entretenu les mêmes espérances. Pendant toute la durée de cette campagne douloureuse, jamais un dissentiment ne s’est élevé entre nous, car nous étions unis dans une même pensée : sauver la patrie. Sa conduite lui a valu la croix de la Légion d’honneur, distinction suprême quand elle est ainsi méritée. »

Et s’adressant aux compatriotes de tout rang et de toute opinion réunis autour de lui pour ce dernier hommage, M. de Perpigna disait de sa chère Franche-Comté :

« C’est un fier pays que celui où l’on apporte dans le culte des morts un si grand respect et une si grande poésie comme aux beaux jours de l’antiquité, en ces pays bénis où l’on savait honorer ceux qui s’en allaient en règle avec leur conscience, les dieux et la patrie. »

Par sa naissance comme par sa famille, de longtemps connue à Besançon, Marquiset était bien Franc-Comtois : il naquit à Saint-Loup-sur-Semouse le 5 novembre 1826. Son père, Armand Marquiset, avait débuté dans l’administration sous les auspices du baron Destouches, préfet de Seine-et-Oise, dont il était le secrétaire particulier. Nommé, en 1820, secrétaire général de la Lozère, bientôt destitué pour ses opinions libérales, il revint à Besançon et son mariage avec Mlle Adèle Demandre, fille d’un maître de forges de la Haute-Saône, le rattacha plus étroitement encore au pays natal.

Le Gouvernement de Juillet en fit un sous-préfet de Dôle, où il se maintint douze années (alors déjà, c’était beaucoup). On s’y souvient encore de son administration paternelle. Témoignant aux esprits d’élite de la région cette sympathie si propre à les attirer, sa grâce aimable avait su retenir autour de lui la meilleure société, sans distinction de parti, jusqu’au jour où sa nomination à un poste élevé du Ministère de l’intérieur lui permit d’attendre à Paris l’heure de la retraite.

Un tel milieu donna de bonne heure à Gaston l’habitude du