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LE COLONEL BOURRAS

de l’Hôtel de ville, où il fallait sans cesse parlementer avec les chefs possibles de l’insurrection latente, je le revois, morne, affaissé, découragé. J’allais lui demander de faire céder pour moi le décret qui empêchait les engagements volontaires. En retrouvant un de ses petits francs-tireurs, il eut un mouvement de joie, le chef énergique ressuscite, mais il me dit tristement : « Je ne puis rien maintenant, nous sommes oubliés. »

Bourras cependant venait de montrer qu’il avait encore de la vigueur. À la tête d’une partie du corps franc, 80 cavaliers, pour laquelle le licenciement avait été suspendu, il ramena la tranquillité dans Saint-Étienne où le préfet, M. de l’Épée, avait été assassiné.

Le 28 avril 1871, on reconnut les services du général Bourras en le nommant officier de la Légion d’honneur.

Il conserva son grade de général et son commandement jusqu’au mois de septembre 1871. À cette époque il fut remis chef de bataillon du génie par la commission de révision des grades. Il méritait mieux ; cependant, il venait seulement d’être proposé pour le grade de lieutenant-colonel quand en 1880, le 6 février, à 46 ans, il mourut, brisé par une carrière active, miné par l’âpre souvenir de la défaite. Son dernier mot dans son agonie fut :

— Mes petits francs-tireurs !