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LE COLONEL BOURRAS

considérable de partisans la prudence avec laquelle l’armée allemande avançait. En réalité, même avec les troupes régulières, mobiles ou mobilisées, qui lui furent parfois adjointes, jamais Bourras n’eut plus de 2,500 hommes sous ses ordres.

L’ennemi avait du reste une réelle estime pour Bourras. Un franc-tireur, Mesny, d’Arbois, ayant été martyrisé, puis fusillé par les Allemands, le chef du corps franc des Vosges écrivait au général de Werder :


Le Commandant des Corps francs au Général de Werder :

Monsieur le Général,

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance un fait indigne de toute nation civilisée, qui s’est passé hier à Nuits :

Le franc-tireur Meny, d’Arbois (Jura), harassé de fatigue, n’a pas pu suivre ses camarades et a été fait prisonnier.

Le chef, dont je ne connais pas le grade, l’a amené à la place où un cavalier badois avait été blessé le matin et l’a fait fusiller après l’avoir taillé de coups de sabre.

Cet officier a commis une action d’autant plus honteuse qu’avant de la commettre il s’était informé de la manière dont on avait traité le Badois blessé le matin, et qu’il savait pertinemment qu’il avait été parfaitement soigné.

J’aime à espérer que cet acte est un fait isolé et que vous en ferez prompte justice.