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LE LIEUTENANT MARQUISET.

Mais rien de douloureux à l’esprit ne s’impose
Malgré les mornes cieux de l’arrière-saison,
Et les nuages noirs fuyant à l’horizon
Ont perdu leur aspect morose.

Au petit piano droit, aux livres anciens,
Aux portraits dont l’œil fixe et grave me regarde
Je demeure attaché, sans que j’y prenne garde,
Par de vivants et forts liens.

Votre unique exigence est que chacun soit libre
Et même en restant seul on n’est pas oublié.
La fière indépendance et la bonne amitié
Se font doucement équilibre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Et tout là-bas, les bois, la source, la prairie,
Frais paysage où rien ne peut blesser les yeux,
Cadrent toujours avec votre accueil gracieux
Et votre camaraderie.

Tout cela est vrai et bien dit, comme aussi l’hommage rendu par M. Viette à la sœur du châtelain, à la veuve du regretté sénateur du Doubs, Monnot-Arbilleur (encore un de ces hommes loyaux et bons, trop tôt enlevés à l’estime de tous les partis) :

« Et vous, Madame, qui pleurez ce frère enveloppé par vous d’une si tendre sollicitude, cherchez une consolation dans le sentiment du devoir accompli. Vous avez entouré notre ami de ces soins maternels que seule la sœur sait imaginer dans son ingénieuse affection. Les respectueuses sympathies et le dévouement des amis de votre frère vous sont, Madame, acquis à jamais. »

Et l’auteur n’exagérait point. Nul attachement n’était plus profond en sa réciprocité que celui du frère et de la sœur[1]. La preuve m’en fut donnée en l’une de ces occasions qui permettent de connaître le cœur humain.

Il s’agissait du partage des biens paternels. Aucun des deux héritiers ne voulait composer son lot dans la crainte de contrarier une préférence inavouée ; de leurs bouches, sortait toujours cette même prière : — Non ! choisis toi-même !!

  1. Un mal soudain vient de l’enlever aussi, hélas ! à l’heure où s’imprimait le dernier hommage.