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puis une époque immémoriale, une des principales sources de revenu pour les habitants des Alpes, qui « vivent presque uniquement de la chair et du lait de ces animaux » dont les frais d’élevage sont nuis, la vente des peaux était un bénéfice assuré. Dans le Dauphiné ces peaux sont bien supérieures, ajoute ma notice anglaise, parce que les chevreaux reçoivent une excellente éducation ; on les empêche d’aller dans les fourrés épineux qui peuvent écorcher ou décolorer leurs peaux. On prend moins de précaution pour les gants de chevrette, faits avec la dépouille d’animaux plus âgés. On laisse aux chevrettes toute liberté de mouvements, plus elles sautent, plus leur peau devient résistante.

Il ne faut pas prendre cela au pied de la lettre, mais cette description pittoresque contient une grande part de vérité ; les Alpes, en effet, abondent en chèvres, mais elles ne sont pas moins nombreuses dans les montagnes de Bourgogne et du Jura bugeysien et dans le massif cévennol, où Annonay est le grand centre de préparation. Grenoble est au centre de la région caprine[1], de

  1. Voici quelques chiffres qui permettront de comprendre l’importance de cet élevage du rosie en décadence, car les conquêtes du cultivateur réduisent le domaine de la chèvre.
    Tandis que les départements du Jura et de la Côte-d’Or au nord ont chacun 3,000 animaux de race caprine et que la