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sant dans des bassins, pleurant dans les vasques des fontaines ; Grenoble est la ville la mieux pourvue d’eau de la France entière.

Çà et là, au débouché d’une avenue, sur les places, sur les quais surtout, des bords de l’Isère rapide et grise on a une vue magique sur les monts. La ville est immédiatement dominée par le Rachais, dont les éperons portent les forts si pittoresques de la Bastille et de Rabot. Puis c’est le massif, superbe de formes et de couleur, de la Chartreuse, le Casque de Néron, si aigu, le mont Saint-Eynard, si majestueux ; en face les hautes montagnes boisées de Belledonne, portant des champs de neige et de glace à leur sommet, les crêtes décharnées, mais superbes, des Trois-Pucelles, du Moucherotte et de la Grande-Moucherolle, le Grand-Serre, le Taillefer et d’autres sommets sans nombre faisant à la ville une couronne prestigieuse de pics et de dômes, roux, verts ou neigeux.

Ce panorama est le plus beau que puisse offrir une ville. Pour les touristes qui se sont bornés jusque-là à suivre les sentiers battus, la vue de Grenoble est un éblouissement. Combien ces monts, ces glaciers, ces forêts noires de sapins, ces campagnes fécondes sont supérieurs à la vue dont on jouit à Genève, par exemple ! Si Grenoble