Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans cesse sollicité par la splendeur du paysage. On passe au pied du Saint-Eynard, oh le contourne tout en plongeant, pour ainsi dire, dans la merveilleuse vallée ; le rocher ardu, muraille gigantesque surmontée par les murailles construites par les hommes pour enfermer les canons et la garnison d’une citadelle, semble s’accroître encore, il s’élève peu à peu, comme un château de féerie. Le fort, si hardiment dressé, est à plus de 800 mètres au-dessus de l’Isère.

La route, déroulant ses amples lacets, arrive au-dessous du fort, surplombant une autre défense, le fort de Bourcet. De l’angle aigu fait en ce point par le chemin, on découvre maintenant tout le Graisivaudan, de Grenoble aux confins de la Savoie, tout couvert de champs de blé et de maïs, de vignes et de mûriers, des centaines de villages et de hameaux parsèment la plaine, les coteaux, les terrasses et le flanc des montagnes. Au fond, comme une borne triomphale, le mont Blanc, en ce moment tout rose sous les feux du couchant, se dresse dans sa puissante et sereine majesté.

Le soleil rougit les neiges de Belledonne, étincelle sur les glaciers, met des reflets bleus dans les forêts de sapins, transforme en velours éclatant les prairies et les champs. Les cascades, fils