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large part dans l’alimentation des habitants et le commerce des noix est considérable ; une partie du pays où j’irai bientôt, vers Vinay et la Drôme, est même le plus grand marché de noix du monde entier. La Bâtie-Divisin, un des villages de la route, est au milieu d’un superbe massif de noyers ; Montferrat en a d’énormes, les deux versants du beau vallon où naît le ruisselet qu’on peut considérer comme l’origine de la Fure en sont complantés ; les arbres sont si nombreux et si hauts dans toute la vallée qu’on ne découvre le lac d’aucun des chemins, il faut traverser Paladru et monter à la misérable église du village pour apercevoir le bassin.

Il est admirable de grâce, ce lac enchâssé entre des collines verdoyantes, semées de hameaux blancs et s’exhaussant d’étage en étage jusqu’aux montagnes de la Grande-Chartreuse. Dominant immédiatement le lac, dont le plan d’eau est à 494 mètres au-dessus du niveau de la mer, se dressent des collines dont l’altitude dépasse 800 mètres ; partout ailleurs, on les appellerait montagnes, ici, au pied des grands monts, elles perdent de leur allure si on les voit d’un point élevé, mais, du bord du lac, elles prennent un aspect fier et reposé à la fois ; cela rappelle, avec plus de grâce, plus de limpidité dans la lumière, les lacs