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bâtis au fond de combes profondes. Dans cette région, les bourgs sont rares et petits, bien que chefs-lieux de communes populeuses, parce que les habitants sont disséminés sur de vastes espaces.

Malgré l’évident bien-être de ce pays, car une ouvrière peut coudre deux douzaines par jour et la douzaine est payée 1 fr., je n’ai pas vu, sans un serrement de cœur, accourir des garçonnets et des fillettes pour offrir des fleurs, gentianes et œillets roses ; malgré la grâce du geste et du bouquet, ce n’en est pas moins de la mendicité L’affluence des touristes, la facilité avec laquelle beaucoup accordent une pièce encouragent ce vice inconnu autrefois dans cette fière province. Les municipalités du Dauphiné devraient y veiller, un tel mal prend vite les proportions d’un fléau ; en Bretagne, par exemple, on a laissé se développer la mendicité enfantine à un degré qui rend les excursions presque odieuses ; on ne peut faire un pas sans être suivi par une nuée d’enfants, dont on ne peut se débarrasser[1]. On n’en est pas encore là en Dauphiné, mais on fera bien d’enrayer le danger.

On traverse des hameaux, d’autres sont en vue, mais ils se font bientôt rares ; le dernier, les Cot-

  1. Voir 5e série du Voyage en France, p. 189.