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des touristes aux plaisanteries faciles et aux admirations banales, le charme est bientôt détruit.

Sans les carrières, qui ont foré la montagne pour en extraire la roche à ciment, sans une scierie, qui pousse son cri strident sur le bois qu’elle débite, ce serait un désert à cette heure matinale.


Voici le pont Saint-Bruno, au-dessous duquel, à 42 mètres de profondeur, écume et bondit le torrent. De là se détache la route du fameux monastère.

Je ne ferai pas ici la description du couvent, de ses nocturnes services religieux, de ses galeries tranquilles. Ce serait recommencer un récit qu’on trouve partout.


Ce jour-là, nous ne fîmes qu’un court séjour à la Grande-Chartreuse, nous voulions gagner Grenoble par le Sappey, route superbe, moins fréquentée que celle de Saint-Laurent-du-Pont à cause de sa longueur. C’est bien une excursion de montagne ; la route de Saint-Laurent-du-Pont est belle aussi, mais, dans cette cassure des monts calcaires, on est abîmé dans le massif, on n’a pas la sensation de l’altitude. La route du Sappey franchit les monts à 1,354 mètres, c’est déjà un col fort élevé.