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la Liqueur des braves de Crimée, la Liqueur de Sébastopol, et la Liqueur des Sapeurs-Pompiers.

Par ces citations déjà longues on voit qu’une collection des produits de feu Claude Brun serait un véritable cours d’histoire moderne. Mais à vouloir en analyser toutes les pages, on y perdrait bientôt la raison.

Les continuateurs du fameux liquoriste ont abandonné ces traditions ; ils se bornent à produire les deux ou trois œuvres qui ont survécu. Avec les autres distillateurs voironnais, ils distillent environ pour 2 millions et demi de liqueurs par année. Les Chartreux en fabriquent beaucoup plus : leur vente atteint, dit-on, 7 millions.

Voiron est, pour la chartreuse, l’entrepôt et le centre d’expédition ; les magasins et les caves ou séjournent les eaux-de-vie sont une des grandes curiosités de la ville. Les caves surtout sont immenses et feraient honneur à un propriétaire du Médoc. Pour cette énorme exploitation, le nombre d’ouvriers est très faible : 45 hommes suffisent à la fabrication des caisses et à l’emballage. Le service des écritures demande, à proportion, un personnel bien plus nombreux, il ne nécessite pas moins de 18 comptables. Un embranchement spécial du chemin de fer dessert les entrepôts. Chaque jour, à cinq heures du ma-