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Voiron est la capitale pour la région des liqueurs, le voisinage de la Grande-Chartreuse a piqué d’honneur les indigènes. Un homme de génie — pour la réclame — en même temps que distillateur émérite, avait fait un instant de cette ville une sorte de Mecque pour les préparations alcooliques. J’ai nommé Claude Brun, inventeur du China-China.

Déjà, le Dauphiné avait des liqueurs exquises, mais le triomphe en était plutôt modeste ; la grande distillerie de la Côte remontait à 1780 et se bornait à se faire connaître par l’excellence des produits. Claude Brun, pharmacien à Voiron, doublement bourgeois par son métier et par son caractère, se mit, vers 1807, à fabriquer des liqueurs dont les noms sont toute une période de notre histoire. Pendant quarante ans, l’infatigable distillateur produisit nectar sur nectar, comme on disait en ces temps-là.

Brun avait un véritable talent d’artiste ; il fit, pour ses produits, des étiquettes fort amusantes, quelquefois charmantes. Mon excellent ami Paul Guillemin, inspecteur général de la navigation à Paris, le plus Dauphinois et le plus passionné des collectionneurs, a eu la curiosité de réunir toutes les étiquettes de bouteilles à liqueurs de notre chère province. La place d’honneur revient