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formant une arête aiguë dévie vers Poliénas et vient dominer la rivière ; superbe promontoire troué par le chemin de fer et surgissant au milieu des arbres. En face, dans un abîme de verdure, au pied des formidables escarpements du Vercors, dans une petite plaine admirablement cultivée, sont deux villages à demi masqués par les noyers : Rovon et Saint-Gervais. Un pont les relie à la rive droite, près de noire bâtiments abandonnés. C’est la fonderie de canons de la marine de Saint-Gervais, qui passa longtemps pour le modèle des établissements de ce genre, avant même Ruelle et Nevers.

La présence d’une fonderie de canons pour les navires de guerre en un tel lieu est faite pour surprendre. En réalité, elle s’explique aussi bien que celle de Ruelle, mieux encore peut-être, car aux temps, si près de nous, où l’on se contentait de canons en fonte pesant moins de 2,000 kilogr. et coûtant 2,000 fr. à peine, Saint-Gervais, possédant la force motrice naturelle, trouvant en abondance les charbons de bois dans les montagnes voisines, pouvant expédier les produits par la voie de l’Isère et du Rhône, était fort bien placée. Lorsqu’en 1619 la marquise de Virieu, femme du président de Saint-André, créa la fonderie, on ne prévoyait ni l’emploi de la houille