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chemin semble long pour gagner l’abri des maisons dans les rues de la petite ville, fraîches et endormies à la fois. Aux heures du travail, quand la population presque entière est dans les ateliers de soierie, de papiers ou de céramique, la bourgade a l’air morte ; ses vieilles maisons, restes de l’opulence provinciale d’autrefois, semblent des momies ; mais, à l’heure de la rentrée et de la sortie des ateliers, c’est une ruche bruyante.


Quel admirable cadre que celui de Moirans ! Le paysage qui l’entoure est d’une rare splendeur, même dans le Sud-Est, où abondent les sites grandioses.

La montagne de l’Échaillon, de formes si majestueuses, avec son plateau vert semé de bois et son diadème de rochers, plane comme une reine sur la vallée. Tout autour, d’autres cimes aux formes puissantes se profilent. L’une d’elles, lorsqu’on est près de Vourey, se présente avec la pureté et la douceur de lignes d’un médaillon antique ; les lettrés du pays y voient la tête de Minerve. De fait, le masque est frappant.

La route, ombragée de noyers et côtoyant la colline de Charnècles, présente, à chaque pas, sous un nouvel aspect, la haute chaîne calcaire de la rive gauche. Le fond de la vallée est une véritable