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vallée de prairies, il autre dans des gorges profondes et superbes aux flancs couverts de châtaigniers séculaires ; de rocher en rocher, de chute en chute, faisant mouvoir de vieux moulina, il atteint bientôt sa première usine considérable, une des plus curieuses de la région de Voiron, unique même en France, c’est une fabrique de bois d’allumettes, située un peu au-dessous d’une fabrique de satin.

Le site est beau, le torrent roulant avec une rapidité extrême fait mouvoir les roues d’un établissement de modeste aspect où, sans cesse, grincent les scies. Des tas de bûches de bois de sapin s’empilent dans des hangars ; pour invraisemblable que cela puisse paraître, ces bols ne proviennent point des montagnes voisines si riches en forêts. Les sapine des Alpes ne peuvent, paraît-il, fournir les bûchettes dont on fait les allumettes, on tire ces bois de Hongrie et un peu de Suisse. Les bûches sont nettoyées, puis soumises à d’ingénieuses machines qui font tomber, à torrents, des bûchettes rondes ou carrées, suivant les qualités demandées ; une autre machine s’en empare, les trie, jette tous les morceaux qui n’ont pas les dimensions nécessaires ; une troisième secoue ces brins comme dans une poêle à frire, ils viennent se placer d’eux-mêmes en paquets