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dont la moitié dans le seul département de l’Isère.

Cette introduction du métier mécanique a causé une révolution profonde et, en somme, favorable car elle a conservé à Lyon son immense marché de soieries ; sur le chiffre d’affaires de 620 millions fait par les fabricants de tissus de soie, 480 millions sont fournis par la région lyonnaise[1].

Le métier mécanique produit naturellement la plus grosse part des tissus, surtout pour les articles courants. Mais Lyon a conservé 16,000 métiers, faible chiffre auprès de ce qu’il fut jadis ; la cherté de l’existence a amené l’exode à la campagne, que j’ai signalé déjà, de 55,000 métiers[2]. Mais on tente en ce moment, à Lyon, d’enrayer le mouvement d’émigration et de création d’usines en mettant un moteur électrique à la disposition des canuts. C’est pour cela qu’on dérive du Rhône, à Jonage, non loin de Meyzieu, un canal dirigé vers Lyon qui, tout en servant à la navigation, produira une force motrice de plusieurs

  1. D’après M. Natalis Rondot, voici les chiffres pour les autres villes employant la soie dans leurs tissus : Calais et Caudry 68 millions ; Roubaix-Tourcoing 25 millions ; Amiens, Saint-Quentin, Rohain, etc., 18 millions ; Tours, Nîmes, Le Puy, 13 millions ; Midi et Champagne 8 millions ; Paris, 5 millions.
  2. Voir dans la 7e série du Voyage en France, les chapitres consacrés à la région de Tarare et, dans la 8e série, les chapitres sur le Bugey et la Hollande du Dauphiné.