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semés. C’est une vue sublime, une de celles dont le regard ne peut se détacher.


Oui l’homme est trop petit, ce spectacle l’écrase !


L’apparition est d’autant plus belle que je suis ici dans la neige, sur un chemin solitaire où l’on ne rencontre ni un animal, ni un être humain. Ébloui par ce tableau prestigieux, je descends sous les strates inclinées faisant comme un toit à la route. En face un rocher, gris, formidable, pareil à un éperon de navire paraît barrer le chemin. Celui-ci se replie et dévale rapidement par des lacets jusqu’à des maisons abandonnées. Je suis maintenant bien au-dessous du Pas-de-l’Échelle, j’en vois toute la paroi lisse dominant la cascade écumante. Aux flancs, creusée dans la roche vive, apparaît la route où je suis descendu. Certes, le paysage est d’une inexprimable grandeur, mais bien grand aussi que le génie humain qui a osé forer un passage dans l’inabordable falaise !

La route franchit la Drévenne sur un pont, au-dessous de la cascade. À partir de là on voit peu à peu disparaître la neige, enfin je retrouve sous mes pieds un sol ferme et résistant, voici le soleil chaud, voici des fleurs. Les pentes de la montagne sont couvertes de hêtres et de buis aux