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peu habité où les maisons sont abritées de noyers, de frênes et de châtaigniers, le lac de Chabons, longue et étroite pièce d’eau, encombrée de joncs et de nénuphars, dans laquelle Lamartine, sur le point de se noyer, fat sauvé par Aimon de Virieu accouru aux cris des bergers. Quelques instants après on est à Grand-Lemps, un chef-lieu de canton populeus, où l’on retrouve les lissages de soieries. Le Grand-Lemps forme le lien entre le bassin de Bourgoin et celui de la Pure. Plusieurs usines importantes se sont élevées sur son ruisselât. C’est un gros bourg quelconque, bâti à la marge de l’immense et mélancolique plaine de Bièvre, dans laquelle on récolte, en immense quantité, la paille de seigle recherchée pour les articles communs de Saint-Georges-d’Espéranche.

Tout autre est le pays en allant à la Fure ; la route prête son ruban au chemin de fer et suit le pied des hautes collines qui partent le bassin bleu du lac de Paladru. Autant la plaine de Bièvre est sèche, autant ces collines sont fraîches, leur pente et leur base forment une riante zone où la vigne croît en hautins, où les blés sont drus, les noyers vigoureux. Les cultures varient fort, même j’ai aperçu un champ d’œillets près de la route. C’est aussi gai et riant que les plateaux de Chatonnay et d’Eydoche étaient moroses. La petite locomo-