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lueurs de plus en plus rares à mesure quels nuit avance.


Je suis resté longtemps à rêver à l’un des détours. Cinq fois déjà le sentier a coupé le chemin. Machinalement, au lieu de monter par le raccourci, j’ai suivi le blanc ruban qui me conduit longtemps à l’opposé du col, comme si l’on devait atteindre le But-de-l’Aiglette. L’erreur est fâcheuse, car c’est le plus grand lacet de la route, je ferai trois kilomètres au lieu d’un entre l’abîme profond peuplé de sapins aux cimes immobiles et les parois, qu’on devine immenses, des rochers de Chironne. J’attends la voiture, elle vient lentement et nous achevons côte à côte l’interminable lacet. Le conducteur désigne, de son fouet, une ligne d’éboulis et, au-dessus, la tache blanche d’une maison, c’est la fin de notre voyage pour ce soir, trois lacets plus courts nous amènent devant l’orifice sombre du tunnel de Rousset. Proche est la maison du cantonnier.

Mais il est onze heures, tout le monde dort, longtemps il faut frapper aux portes et aux fenêtres, enfin une lumière filtre à travers les volets, un pas se fait entendre et une jeune fille vient ouvrir. On est peu habitué à ces tardives arrivées de touristes au refuge du Rousset, aussi