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Le conducteur m’indique, fauve entre des broussailles, une sorte de piste rocailleuse montant directement vers le sommet de la montagne. C’est l’ancien chemin suivi par les piétons et les mulets, il raccourcit la distance de plus de moitié. Cette sorte d’échelle de rocher, ravinée par les pluies, ne me dit rien qui vaille, je préfère la route avec ses lacets, mais douce au pied, son ruban blanc montant lentement. Je vais ainsi aux côtés du cheval qui tire, sans se presser, le frôle équipage trop lourd encore à son gré, mais, au deuxième contour, je me lasse de cette promenade dans la nuit, sans distinguer autre chose que le lambeau de chemin déroulé à quelques pas et me résous à emprunter la traverse. On ne peut se méprendre sur le couloir et, en quelques instants, on retrouve la route où l’on ne l’aurait atteinte qu’après une demi-heure de marche. À chaque point d’intersection je m’assieds pour admirer cette solitude prestigieuse. Aucun bruit autre que le frôlement de la roue sur le macadam et le pas saccadé du cheval venant de loin, bien loin encore ; la lanterne paraît ou disparaît suivant les accidents du terrain.

À des profondeurs qui semblent fabuleuses, quelques lumières signalent Chamaloc, plus loin encore, dans la vallée de la Drôme, d’autres