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sorte d’araignée à deux places. Je serre la main à mes obligeants compagnons et nous voici en route. Un peu après la gare ou tourne à droite pour suivre un chemin étroit, bientôt très rapide, montant entre des mûriers pour redescendre dans la vallée de la Comane, près des ruines d’une église. On s’engage alors dans les gorges parcourues par le torrent. Les montagnes sont déjà hautes de chaque côté, mais leur aspect n’a rien de bien grandiose, de maigres taillis couvrent par place le mont Chabraret à droite, le mont de Baise à gauche. On court au pied de ce dernier et l’on arrive en vue de Chamaloc, joli village relié, par de rudes sentiers, avec la vallée de Marignac d’où l’on peut atteindre le val de Quint et la vallée fameuse de Romeyer, aux sombres forêts de sapins abritant les ours farouches dont on m’a menacé. La nuit vient et déjà, dans la gorge profonde du ruisseau de Bergus, descendant du col de Romeyer, l’obscurité semble complète, tant est noir l’abîme d’où montent des vapeurs bleuâtres.

Chamaloc est traversé, le conducteur du véhicule, fouettant mollement son cheval, me montre, au-dessus de nous, à près de 1,000 mètres, une immense muraille en forme d’entonnoir ébréché et tapissée de forêts de sapins d’où émergent, par place, des pans de rochers. C’est haut, bien