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lorsqu’on se retrouve au Pertuis de la forêt et qu’on découvre le grand horizon de Saou et de Soyans au delà des fantastiques rochers où la Vèbre se fraie un passage, on a une sensation de délivrance. La forêt de Saou, par sa tranquillité trop absolue et ses barrières trop hautes, répond assez à l’idée qu’on se fait de la Thébaïde, d’après la Vie des saints.

À Saou, j’ai trouvé une voiture qui m’a conduit à Crest. Le chemin passe au pied de Roche-Colombe pour aller atteindre la grande route et descendre avec elle vers la Drôme. Les petites montagnes traversées sont assez accidentées, peuplées et peu fertiles, mais lorsqu’on est en vue de la Drôme et du haut donjon de Crest, le paysage s’anime, la campagne se couvre de fermes nombreuses ombragées de noyers et entourées de mûriers.

Voici la ville de Crest, j’ai la chance d’arriver quelques minutes avant le dernier train pour Die, je pourrai donc aller coucher ce soir au col de Rousset et, demain, traverser le Vercors.