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un petit espace plat et cultivé, monte vers une brèche très caractéristique appelée le Pas-de-Lauzun, d’où l’on peut descendre à Aouste. L’autre, plus long, remonte la Vèbre, presque sans eau dans cette partie supérieure de son cours. La végétation est maigre, mais, au-dessus, le ciel d’un bleu profond semble emprisonné entre la lèvre des montagnes. Des aigles planent là-haut, leurs grandes ailes décrivent des cercles étendus. Ces oiseaux de proie animent seuls ce désert. Jadis, dit-on, les lynx étaient nombreux, mais, depuis soixante-dix ans, on n’en a plus rencontré.

Peu de cultures, pas de hameaux dans cette étrange vallée. Cependant, voici une maison de garde, près d’une fontaine, puis une grande construction qui tient à la fols de la villa italienne et du château. Cette belle demeure, entourée de parterres et des beaux arbres d’un parc, a appartenu à Crémieux, le grand orateur. C’est comme la capitale de cet étrange petit monde si complètement fermé.

L’impression serait plus heureuse si les eaux étaient moins rares dans l’intérieur de la forêt et permettaient de créer des prairies qui donneraient un aspect pastoral. L’admiration ne va pas sans un peu de malaise devant cette nature grandiose, mais trop sévère et silencieuse. Aussi,