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paysans tirent un excellent parti de leur sol en apparence aride. De grands bois, au sud, couvrent la partie la plus pauvre, c’est un vaste plateau criblé de mares et d’étangs endormis entre les taillis et portant le nom de forêt de Bonnevaux. Il dut y avoir des arbres superbes, à en juger par le beau chêne voisin de la station de Chatonnay, gros bourg qui vit par les bois. C’est le marché des poissons des étangs, on y fabrique des cercles au moyen des taillis de châtaigniers. Mais c’est aussi un centre pour le tissage des soies à domicile. En dépit de cette activité, le bourg, bâti de pisé en terre rougeâtre ou de cailloux roulés, a piètre apparence. Son principal monument est une vieille tour dont on a abattu les créneaux pour élever une coupole byzantine surmontée d’un campanile genre tour Eiffel. Sur les portes, les femmes travaillent à broder le tulle, le train les frôle en passant.

Chatonnay traversé, le train reprend sa course monotone ; un moment, près du hameau des Effeuillers, on a une échappée sur les montagnes de la Grande-Chartreuse et de Savoie. Ce n’est qu’une apparition, on descend rapidement, contournant la forêt de Bonnevaux, on traverse le long village de Champier pour entrer dans la verte plaine d’Eydoche, et gagner, par un pays