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conduit par les pentes nues et triâtes et bientôt on atteint, au grand galop, l’étroite rue de la rive gauche du Roubion.

C’est une singulière ville ce Bourdeaux, si l’on peut appeler ville la réunion des demeures où moins de 1,300 habitants occupent les deux rives du torrent et les flancs escarpés des trois castels qui valurent à Bourdeaux le nom de Bourdeaux-Trois-Châteaux. Les bas quartiers, avec leurs vieilles maisons fortes, leurs fontaines, leurs ruelles sombres, sont bien curieux déjà ; mais si l’on s’aventure plus haut, par la ville primitive, le spectacle est fantastique. Nobles demeures en ruines, masures croulantes, jardinets en terrasses, rues voûtées, passages sombres qui font songer aux villes italiennes, montent aux débris d’un des châteaux. Jusqu’aux guerres de religion, cette partie de Bourdeaux dut être prospère, on relève au passage plus d’un heureux détail de la Renaissance.

Le Roubion est déjà travailleur, il fait mouvoir les rouages de petites fabriques, filatures de laine pour Dieulefit, moulinages de soie. Les habitants font un commerce important de truffes : ce cryptogame abonde dans certaines parties du canton.


En route maintenant pour la forêt de Saon. On