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Peu à peu, au delà du hameau de la Détourbe, les maisons se font plus nombreuses, des vignobles couvrent les pentes, on voit grandir, sur un monticule isolé, les débris d’un donjon dominant les toits d’une petite ville. C’est Saint-Jean-de-Bournay, qui s’appela Toile à voile pendant la Révolution. Elle ne mérite plus ce nom, il y a beaux jours qu’on n’y fabrique plus de toiles, rares sont les chènevières aux bords de la Gervonde. Cependant Saint-Jean est demeuré un petit centre industriel, c’est le séjour de fabricants et d’intermédiaires qui font travailler en ville et dans les villages voisins pour la broderie de tulle, la passementerie et le tissage de la soierie ; on y fabrique des rubans et l’on file de la laine ; aussi une assez forte population s’est-elle maintenue dans cette grosse bourgade dont les toits rouges tranchent si violemment avec les prés verts où, jadis, les tisserands faisaient blanchir la toile destinée aux voiles des goélettes d’Arles et des vaisseaux de Marseille.

Saint-Jean est devenu la gare centrale du petit chemin de fer ; celui-ci a établi des ateliers ; pour certains trains c’est la gare terminus, ainsi celui qui m’a conduit aujourd’hui est destiné à assurer les communications avec Grenoble. Le pays jusqu’à Grand-Lemps est sans caractère, mais les