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Grâce aux torrents dont les eaux l’abreuvent, la Valdaine ou plaine de Montélimar est d’une opulence inouïe ; les céréales par leur vigueur rappellent les plus beaux champs de la Beauce ; les vignobles, préservés du phylloxéra par la submersion et entretenus avec un soin digne de la Bourgogne et du Bordelais, sont luxuriants. De belles villas, presque des châteaux, se suivent sur la route entourés de beaux parcs. Les mûriers dépouillés de leurs feuilles pour la nourriture des vers à soie contrastent avec cette splendeur par leur apparence de squelette. Viennent août et la nouvelle montée de sève, les arbres reprendront aussitôt leur vigoureux feuillage. La plaine, avant les moissons, est vraiment superbe, grâce au cadre de montagnes bleuies par l’éloignement dont les formes heureuses se dessinent sur le ciel éclatant.

Après la zone des villas, c’est-à-dire lorsqu’on a quitté la banlieue de Montélimar, la plaine se révèle avec toute sa magnificence. Un ruisseau clair, aux eaux régulières, le Vermenon, atteint le Jabron après avoir irrigué des champs et fait mouvoir de belles usines. Autour du confluent c’est une mer de moissons ; grâce au soleil et à l’eau, les céréales poussent si hautes et drues qu’un homme disparaîtrait dans la nappe déjà