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Ces ruines, cette végétation déjà toute provençale, couvrent un sol étrange, fait de laves rouges, de noirs basaltes, d’éboulis de colonnades prismatiques descendue de la montagne où, maintenant, me conduit un autre sentier, plus âpre encore. Il monte au-dessus d’un ravin profond raviné par les pluies, jusqu’à des naines juchées sur des dykes volcaniques avec lesquels elles semblent faire corps. Là haut sur une arête étroite, entre des murailles énormes, éventrées, faites de pierres noirâtres ou rougeâtres, quelques maisons se sont comme incrustées ; il faut passer au milieu d’elles pour pénétrer dans l’enceinte du château, un des plus formidables du Midi. Tours, remparts, logis habités couvrent un vaste espace de leurs murailles croulantes, la ville primitive qui se blottissait contre le gigantesque castel a laissé des traces moins apparentes. Mais le regard est surtout attiré par le donjon juché sur son dyke de basalte, planté à l’éperon même de la montagne. Jadis, un pont-levis le reliait au château, aujourd’hui, on ne l’atteint que par une ascension vertigineuse ; au-dessous, l’abîme se creuse, profond, au sein d’un large vallon d’éboulis volcaniques. Le dyke, lorsqu’on peut l’aborder, se présente tout empâté de constructions difficiles à définir, du sein desquelles surgit, isolé, le donjon propre-