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Vienne, suit les quais du Rhône et pénètre dans la gorge de la Gère par les quais et les rues bordés d’usines, puis gagne le faubourg de Pont-Évêque, si vivant jadis, si morne depuis que les grands établissements métallurgiques ont été abandonnés.

On sort des gorges à l’endroit où la Gère et la rivière de Septême s’unissent pour former le cours d’eau travailleur des usines viennoises. Les deux vallées se montrent un instant, larges et vertes. Le petit chemin de fer s’engage à droite et s’élève au-dessus de la Gère, qu’il abandonne pour pénétrer dans un autre vallon plus ample. Le paysage n’a plus les lignes robustes de Vienne, les granits ont disparu, on est ici en pleine zone glaciaire, cependant les hauteurs ont des perspectives heureuses : la vieille tour de Montléan et les ruines de Pinet donnent une note fort pittoresque ; ce bassin de la Vésonne rappelle par bien des côtés les campagnes de Touraine, même vert doux, mêmes vignobles aux flanc des coteaux. Les vignes de Pinet sont célèbres dans le pays viennois, « vin de Pinet, magistrat de Vienne » me dit avec un clignement de l’œil un voisin de plateforme. Je n’ai pu lui faire préciser sa pensée.

Les abords de la route sont peu peuplés ; nous sommes loin ici des campagnes industrielles de la