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vagé par les torrents, sans verdure, franchement laid. Autour du village de Beaurières, cependant, il y a encore des noyers et des lambeaux de prairies. Ce cirque de Beaurières est saisissant ; de hautes croupes, à chaque instant trouées par les tunnels, excavées par les galeries voûtées afin d’empêcher la voie d’être emportée, sont d’une beauté sauvage. La solitude est absolue là-haut, pas une maison, pas un champ, ou se croirait au bout du monde.

Près de la gare de Beaurières, les glissements dans les schistes sont d’une belle horreur, on dirait une plaie immense. Il a fallu enlever des masses de schistes ; en vain a-t-on essayé de creuser des tunnels et des galeries, la poussée des terres était telle que les étais et les revêtements en bois étaient brisés et réduits en morceaux semblables à des allumettes. Il a fallu trois ans d’efforts pour résoudre le problème posé aux ingénieurs par les forces aveugles de la montagne.

Lorsqu’on a dépassé le misérable village de Beaurières, le trajet devient vertigineux. Les lacets, les tunnels, les galeries se suivent. Le tunnel en boucle allongée qui ramène au-dessus du village et dont j’ai parlé déjà est une des plus belles et difficiles œuvres de nos voies ferrées.

En passant, on me montre le petit tunnel qui a