Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

atteins la vallée supérieure au prix des travaux énormes que j’ai signalés. Un éboule mont de montagne, le Claps, est traversé par la voie ferrée.

C’est vraiment une chose fantastique. La montagne, haute de 1,121 mètres, est composée de strates calcaires inclinées à 45 degrés. En l’an 1442, la couche supérieure s’est ébranlée et a glissé dans la vallée au-dessus d’un village bâti sur un éperon rocheux. Le village a été recouvert, l’éperon a forcé les éboulis à se déverser à droite et à gauche ; d’énormes rochers, cubant parfois des milliers de mètres, ont formé deux barrages qui ont retenu les eaux du torrent et créé deux lacs encore limpides. Il y a cent ans, des tranchées et un tunnel ont vidé les eaux et rendu les fonds à la culture.

Au milieu même du torrent se dresse une aiguille immense qui commande la gorge, mince pyramide, parmi tous ces blocs sans nombre, épars sur la pente ou dans les eaux. Là-dessus passe le pont, très hardi ; toutes les piles ont leurs angles décorés de pierres taillées à facettes, très frustes mais d’une grande beauté. Ce pont, le premier pont droit exécuté en acier, est vraiment superbe.

Sur l’autre lace de l’éperon qui a divisé les éboulis, le chaos est plus puissant encore. Il a