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large que la Drôme, maie ses eaux sont moins abondantes, c’est le Bes ; en face, sur l’autre rive, au flanc de collines pelées, on voit les travaux de la mine de Menglon et les constructions basses où le minerai est préparé. Je n’y monte pas de suite ; la petite ville de Châtillon-en-Diois est proche, je lui dois bien une visite, car si les âpres pentes du Glandaz sont vertes maintenant jusqu’à la grande falaise terminale, on le doit à mon grand oncle, le sous-inspecteur des forêts Guy ; il a passé presque toute son existence dans sa chère montagne.

Le mot ville est bien ambitieux pour ce bourg bâti à l’étranglement de la vallée, près des vagues ruines du château qui lui donna son nom et qui commandait ce défilé entre la Drôme et le bassin du Drac. La mairie, du siècle dernier, est peinte à la manière italienne, ce devait être un charmant et pimpant édifice lorsqu’elle est sortie des mains du décorateur ; elle donne à la placette sur laquelle elle s’élève un aspect de décor d’opéra-comique. En dehors de cela, Châtillon n’a que les flots bleus de son torrent, venu d’une des plus belles gorges des Alpes dauphinoises. Pendant la saison des agneaux, elle fait un commerce important de ces animaux d’un goût exquis, paraît-il, et appelé « truands ».