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dant l’hiver doivent leur existence à ces eaux aménagées. Toutefois, on pourrait faire mieux encore, il y a bien des parties incultes au milieu de ces riches culturos. Les jachères sont fréquentes, égayées par la floraison violette de grands chardons. Les villages sont peu nombreux mais pittoresques ; près de Grâne, un vieux château donne un grand caractère aux premiers plans des collines qui portent la forêt de Marsanne.

Les hauteurs se rapprochent peu à peu et bientôt forment un étranglement qui oblige le torrent à couler dans un chenal étroit. Le défilé a grande allure ; sur un éperon projeté par les hauteurs du Nord se dresse un donjon formidable dont les murailles fauves s’élèvent à 50 mètres. Carré, sans reliefs, il doit à sa masse seule l’imposant aspect qui frappe le visiteur. Cette forteresse, débris évident de fortifications plus vastes, remonte au XIIe siècle. Elle était la clef de la vallée, au nord et au sud d’âpres montagnes ferment le passage ; quiconque était maître de Crest fermait à volonté le Diois et les routes du Haut-Dauphiné. Aussi de bonne heure un centre important de population s’est-il créé à ce passage obligé entre la vallée du Rhône et les Alpes dauphinoises.

Le donjon de Crest est si bien le point capital du paysage que l’on est poussé dès l’arrivée à