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vinrent à l’assaut comme à une fête. La population entière accourut aux remparts, les femmes plus ardentes encore que les hommes. Du haut des murs les assiégés adressaient d’ardentes invectives aux assiégeants : « Vous ne nous poignarderez pas comme l’amiral (Coligny) !… Amenez-nous vos mignons, qu’ils viennent voir nos femmes et ils verront si c’est une proie facile à emporter ! »

Puis, par raillerie finale, ils placèrent au rempart des vieilles femmes armées de leurs quenouilles et filant avec tranquillité. L’armée royale dut lever le camp.

Lorsqu’on voit le Livron de la route, cette aventure semble un peu gasconne, mais lorsqu’on a tenté de gravir le coteau, on admet la résistance. Sur le rocher à pic est la vieille ville, dédale de rues étroites et escarpées, bordées de maisons de rébarbatif aspect, plus forteresses que logis. Des débris de mur, les restes d’un château montrent encore ce que fut le Livron féodal. On comprend alors et le fanatisme de la population et les infructueux efforts de l’armée catholique. Ce Livron-là disparaît peu à peu, on n’y accède que par des rues d’une déclivité extrême, les maisons sont sur le roc nu ; c’est un assez pénible séjour malgré la splendeur du panorama. Aussi les habitants des-