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s’élargit de nouveau, ses eaux rares et rapides entourent d’immenses bancs de gravier.

La ville moderne ou ville basse s’ouvre sur ce pont, près d’une halte du chemin de fer de Die. C’est une grande et large rue, bordée de maisons cossues. On se prépare à la « montée » des vers à soie, des feux sont allumés devant les portes et l’on passe dans la flamme claire les brins de bruyère ayant déjà servi, pour les débarrasser des germes infectieux qu’ils pourraient contenir. Dans un vaste hangar j’aperçois des femmes assises devant de grandes tables couvertes de cerises superbes, elles remplissent des caisses et des paniers destinés aux halles de Paris, aux marchés de Londres et de Hambourg. La campagne de Livron est un des centres de production pour ces fruits, mais ils viennent à maturité dix jours après que Saint-Fortunat et Saint-Laurent-du-Pape ont commencé la cueillette[1].

Tous les auteurs qui ont parlé de Livron ont signalé le siège supporté en 1574 par cette ville. Le maréchal de Bellegarde vint y attaquer les protestants, le roi Henri III et ses courtisans revenant d’Avignon se joignirent à lui. Parés, parfumés, « godronnés » ainsi qu’on disait alors, ils

  1. Voir 7e série, page 105, le chapitre concernant la culture des cerises sur la rive droite du Rhône.