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Dauphiné, ces quartiers sont devenus l’apanage des ouvriers. Là, en de petits ateliers, se prépare le cuir pour les galoches et se débite le bois pour les semelles. Sur le pas des portes, les vieilles femmes épluchent des noix pour le pressoir.

La plus pittoresque de ces rues, celle du Fuseau, offre encore une belle maison romane, aux arcades effritées, transformée en grenier. Les fenêtres sont séparées par de grêles colonnettes ornées de chapiteaux corinthiens. À chaque pas, des détails arrêtent par leur richesse ou leur originalité, mais le soleil pénètre malaisément dans ces ruelles étroites, l’humidité ronge les façades lépreuses, des mousses et des pariétaires croissent dans les fentes des murailles. Cependant on erre avec un mélancolique plaisir par ces rues montueuses et coupées d’escaliers.

À mesure que le calme se faisait dans la province, ces hauts quartiers se désertaient ; des rues nouvelles, plus larges, plus gaies, plus accessibles se bâtissaient au pied de la colline, c’est encore le centre des affaires, là sont les magasins, les cafés, les hôtels. À l’entrée du pont se dresse l’ancienne église abbatiale, berceau de la ville, un des plus remarquables édifices religieux du Dauphiné, un de ceux où l’art roman se révèle avec le plus de pureté.