Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semelles de bois. Des groupes bruyants viennent des usines en faisant claquer leurs galoches sur le pavé. La rue aboutit à une petite place bordée de cafés et de magasins bien éclairés, c’est le cœur de Bourg-de-Péage. Un pont jeté sur une large et rapide rivière, l’Isère, conduit à Romans.


Dès le point du jour j’ai parcouru la ville. Elle n’a pas l’élégance des quartiers neufs de Valence mais on devine une population plus active et industrieuse. Romans ne compte pas moins de 20,000 habitants avec sa voisine Bourg-de-Péage ; c’est surtout une ville d’affaires, dont les traditions d’activité remontent fort loin. Au moyen Âge, c’était le centre le plus considérable des vallées du Rhône et de l’Isère pour la fabrication des draps ; par sa population elle dépassait Vienne, Grenoble et Valence. C’était donc la ville la plus considérable de la province. De cette industrie, il ne reste plus que le souvenir, maie on devine, en parcourant les vieux quartiers, quelles richesses elle avait pu accumuler. Dans ces rues montantes et tortueuses, beaucoup de maisons ont encore grande apparence. Ces quartiers, jadis séjour des riches bourgeois, où les membres des États de la province logeaient pendant les sessions, car Romans fut, en quelque sorte, la ville fédérale du