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jugés, une petite société, constituée par l’État, s’est installée sur divers points, a établi des champs d’expérience rationnellement fumés et irrigués. Les résultats sont merveilleux, on a obtenu 8,300 kilogr. de fourrage à l’hectare. Peut-être cela finira-t-il par faire ouvrir les yeux. Quand on voit les merveilles obtenues dans les plaines de Montélimar, de Nyons et d’Avignon, on ne peut trop déplorer les préjugés des habitante du Valentinois.

Ces longues rangées d’arbres, en ce moment dépouillés de leurs feuilles, car c’est l’époque de l’élevage des vers à soie, finissent par devenir fastidieuses. Pendant toute la journée, le sol de cailloux a accumulé la chaleur du soleil et la renvoie en chaudes effluves. Cependant, un vent frais vient de l’Isère et bientôt l’air s’attiédit. Le paysage perd de ses teintes brutales. Le crépuscule est exquis dans la plaine qui précède Bourg-de-Péage ; même les squelettes de mûriers, dont les branches conservent encore quelques feuilles isolées, abandonnent leur aspect sinistre.

La nuit est venue, voici une longue rue sur les côtés de laquelle clignotent quelques becs de gaz. Des maisons grises et basses la bordent ; par les fenêtres, on voit ouvriers et ouvrières piquer à la machine ou clouer des tiges de chaussures sur des