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d’aller voir l’origine à Pont-en-Royans[1]. Elle passe en syphon souffle torrent de Barberolle. Déjà ses eaux sont bien moins abondantes qu’à l’origine, plusieurs canaux secondaires se sont détachés pour arroser la plaine traversée par le chemin de fer de Valence à Romans. Cette partie était particulièrement aride, mais les mûriers la couvrent par milliers. Les clairières de cette vaste forêt seront un jour transformées en prairies naturelles ou artificielles, grâce aux eaux du grand torrent descendu du Vercors.

Il faudra du temps pour cela. Les habitants de la plaine ont cru que l’eau du canal leur permettrait de supprimer tout engrais. Ils ont conduit ces eaux très pures sur leur sol fissuré, faisant ainsi pénétrer dans les galets les sels fertilisants. En vain leur a-t-on dit que, sur ces espaces sans pente, il fallait enfermer les champs par de petites levées formant des planches dans lesquelles l’eau, séjournant un moment, devait dissoudre les fumiers de ferme et les engrais chimiques apportés, ils n’ont rien voulu entendre. Non seulement on ne demande pas l’eau, mais ceux qui avaient souscrit refusent d’utiliser l’arrosage. C’est un échec absolu. Pour réagir contre ces fâcheux pré-

  1. Voir chapitre XIX.