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À l’époque où l’Ermitage était dans toute sa splendeur, ses vins étaient classés parmi les plus illustres, « ils allaient de pair avec les premiers crus de la Haute-Bourgogne », disait Abel Hugo. La propriété était alors moins morcelée que de nos jours, l’abrupt coteau, creusé de ravins, dominant de 230 mètres les eaux du Rhône, était divisé en mas cultivés par les propriétaires avec ce soin méticuleux qui émerveillait Young il y a cent ans, lorsqu’il visitait nos vignes. La plus grande partie du vignoble est dans les alluvions, ou plutôt dans les cailloux roulés, mais au bord du Rhône le granit affleure. Cette zone granitique est le mas des Bessos, le reste est divisé en deux grandes zones : le mas des Greffieux et, plus haut, le mas de Méal.

Le vignoble, avant le phylloxéra, avait 140 hectares. En 1875, la récolte fut abondante, on avait le double de ce qu’on espérait, mais la vigne était déjà atteinte et la qualité laissait à désirer ; en 1876, quantité et qualité diminuèrent, puis le mal s’aggrava et ce fut rapidement la ruine ; cependant on récolta toujours un peu.

En 1881 eurent lieu les premières tentatives de reconstitution, elles donnèrent de bons résultats ; bientôt on entreprit en grand la plantation de vignes américaines sur lesquelles on greffa les