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de terre coupées an rondelles, rissolées, croustillantes, laissant échapper un parfum délicieux. Sur quelques-uns une épaule de mouton repose, elle a donné son parfum au plat en cuisant au-dessus de lui.

Le gratin est le plat national du Dauphiné. Il est succulent et économique aussi. Dans les bourgades industrielles où la femme travaillant à l’atelier ne peut s’occuper entièrement du ménage, elle prépare le gratin avant de partir et le porte chez le boulanger ; celui-ci l’enfourne une heure avant le repas, les ouvrières viennent le chercher en sortant de l’atelier et le portent à la maison. À Vizille, notamment, c’est une des scènes les plus curieuses de la rue.

Les boulangers ne font pas seulement cuire le gratin, la plupart en vendent, c’est-à-dire qu’ils sont aubergistes ; leur four permet de cuire des gratins, des rôtis de mouton et de porc frais ; pendant la saison, ils font des « pognes », immenses tartes au potiron. Mon boulanger de Sassenage ne faisait pas exception. Délaissant l’hôtel, je suis entré chez lui et l’on m’a servi un gratin embaumé, une truite du Furon et du fromage de Sassenage, comparable au Roquefort et ainsi nommé parce que Sassenage n’en fabrique pas, il vient du Villard-de-Lans.