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Sassenage est un simple bourg où l’on est la proie des guides. J’ai bien du mal à échapper à leur poursuite, les uns veulent me montrer les cuves, d’autres les gorges du Furon. Je préfère aller seul par le sentier qui remonte le torrent. Sous les grands arbres la promenade est délicieuse. De beaux rochers, des ruines, des ponts rustiques se succèdent, le Furon tombe en cascade, écume sur les roches, tournoie en des abîmes ; des cours d’eau à peine moins abondants, semble-t-il, sortent de grottes profondes et mêlent leur fracas à celui du grand torrent. Le soleil est pur aujourd’hui, il donne à ce site heureux une splendeur nouvelle. À l’entrée des grottes, les guides veulent m’entraîner. À quoi bon ! il fait si doux au bord du torrent, le ciel est si bleu, il y a tant de murmures, pourquoi aller courir dans les boyaux froids et visqueux de la montagne ?

Midi sonne en bas. Mais il fait faim ! Et, rapidement, je redescends. J’allais entrer à l’hôtel, quand devant une boutique de boulanger, je vois sortir du four le gratin que les ménagères viennent chercher.

Du gratin ! Tous les Dauphinois de Paris me comprendront. Je suis tombé en arrêt devant les plats remplis d’une odorante couche de pommes