Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et les formidables escarpements du mont Granier, première grande cime dauphinoise du massif de la Chartreuse. Entre les montagnes et l’Isère, s’éparpillent en hameaux populeux les maisons de la grosse commune de Chapareillan.

Il faut s’arracher cependant à ce paysage historique et superbe. La route descend par de grands lacets entre des groupes de maisons jusqu’à Pontcharra. C’est presque une ville, cette bourgade peuplée de 2,600 âmes, fort active par ses papeteries auxquelles le Bréda donne sa force motrice. Des tisserands font aller la navette, une enseigne naïve m’apprend qu’on fait la « toile de Voiron » sur le pont est un monument assez cocasse, effrité, délabré, entouré de cailloux lancés par les gamins. C’est une statue équestre de Bayard, en terre cuite ou en plâtre, de petite dimension. Le héros est coiffé d’une tiare, le cheval a perdu la tête, le cavalier n’a qu’un bras. Le piédestal est un socle carré entouré d’un balcon surplombant. Il est vraiment temps d’inaugurer sur le château natal du loyal chevalier la belle statue modelée par le sculpteur Rambaud, ce pauvre artiste enlevé en pleine vigueur et en plein talent.


Le chemin de fer m’a conduit à Goncelin, d’où j’ai gagné le Touvet. Ce matin j’eus à peine le