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s’émut, envoya une plainte à Henri IV sur l’inaction de Lesdiguières. Celui-ci répondit : « Le roi a besoin d’une bonne forteresse, le duc de Savoie veut en faire les frais, il faut le laisser faire. »

Et quand le fort eut été achevé, il s’en empara, par escalade, au clair de la lune.

Ces deux noms de Lesdiguières et de Bayard donnent au site de Pontcharra une grandeur épique, aussi fabuleuse, il est vrai, pour nous que la guerre de Troie. La Savoie est désormais française et bien française ; entre elle et le Dauphiné l’entente est complète. D’ailleurs sauf dans les luttes entreprises par l’ambition des ducs de Savoie, les deux petits peuples n’ont jamais oublié leur origine commune, tous deux sont les fils des Allobroges.

Le fort Barraux est encore occupé militairement ; ses remparts, modifiés par Vauban, ont été conservés comme poste intermédiaire entre le débouché des vallées de l’Arc et de la haute Isère et les défenses de Grenoble. Il serait d’une faible résistance d’ailleurs, car il est dominé de tous côtés. Mais il a fière mine par le haut relief de ses murs gris dépassant les glacis. Au-dessus des murailles apparaissent le toit d’une caserne et une chapelle dominés par le sommet de l’Alpette