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et coucherai dans un village du Graisivaudan d’où je pourrai demain redescendre à loisir vers la ville.


Pour rejoindre la route, j’ai suivi le Bréda. Il est furieux et bondit dans son lit avec de sourds murmures. Des barrages de moulins et de scieries l’arrêtent un instant et il repart de nouveau entre des maisons déjetées, dont les balcons de bois et les galeries sont aussi pittoresques qu’inconfortables. La rivière, au-dessus de ces masures, semble s’enfuir dans un abîme ; tandis que la route de Pontcharra serpente au-dessus, sur les flancs de Brame-Farine ; un sentier m’y ramène et, désormais, sur ce beau ruban que l’orage vient de laver, je parcours un paysage enchanteur. À partir de la haute tour carrée du Treuil, entourée de beaux arbres, c’est une succession de tableaux d’une grandeur magique. Le chemin se tord aux flancs de la montagne pour contourner les ravins et chaque sinuosité nouvelle offre des aspects nouveaux. Allevard reste toujours le centre du paysage, la petite ville est si bien assise au pied de ses verdoyantes collines, au fond les champs de neige et de glace sont si vastes et éblouissants, les lignes ont tant d’harmonie, que l’on conservera longtemps cette vision.