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traités pour fournir la pâte nécessaire aux machines. Mais le torrent de la « Combe de Lancey », c’est-à-dire de l’étroite et profonde vallée, était d’un débit fort irrégulier. Très abondant en été, quand les chaleurs font fondre les névés de Belledonne, il était réduit à un faible étiage pendant l’hiver, alors que les neiges ne fondent pas et que les petits lacs d’où viennent les eaux sont profondément gelés. On a donc été amené à régulariser ce débit en surélevant le plan d’eau du lac inférieur, le lac du Crozet.

Le torrent prend naissance au pied même de la chaîne principale de Belledonne, à peu de distance du pic de ce nom, dans une haute et froide vallée où des lacs s’étalent à 2,400 mètres d’altitude, ce sont le grand et le petit Doménon. Par un phénomène bien rare, le cours d’eau frémissant échappé des lacs s’ouvre deux chemins : tandis qu’un bras descend au sud pour former le torrent du Domênon avec les émissaires des lacs Merlat, Claret, Longet, David et Robert, l’autre descend de chute en chute pendant un millier de mètres à peine jusqu’au lac du Crozet, à 1,968 mètres.

L’issue de ce dernier lac est fort étroite, il a donc été facile de surélever le barrage naturel ; déjà on a augmenté de 7 mètres la hauteur du