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tier, près de la gare de Domêne. L’électricité, produite par une chute de 3,000 chevaux, se gaspille un peu en route, un tiers à peu près disparaît, mais 2,000 chevaux sont encore utilisables, et, pour les produire, il n’a pas coûté autre chose que l’eau du torrent.

Les papeteries de Domêne emploient surtout de la pâte de bois, obtenue sur place par le traitement des sapins qui forment d’immenses futaies dans tout le massif de Belledonne. Une chute artificielle de 200 mètres fournit la force motrice à une usine qui réduit en pâte les arbres de la forêt. Il y a donc là un centre industriel fort intéressant et très vivant, grâce aux inépuisables réservoirs des neiges et des lacs de Belledonne.

Au delà de Domêne, le paysage se fait plus exclusivement agricole, mais l’aspect ne ressemble à rien de ce que l’on voit ailleurs. Toutes les cultures se mêlent, chaque propriétaire a résolu le problème d’obtenir en abondance, sur un domaine étroit, tout ce qui est nécessaire à la vie. Les vignes sont rangées en hautains, elles grimpent aux érables et aux arbres fruitiers ; entre leurs lignes croissent d’opulentes moissons, des pommes de terre, du tabac, du male, du blé noir, de la luzerne, du chanvre ; mais le Dauphiné voit chaque jour disparaître cette dernière culture qui